Illusions perdues.

Publié le par Choup'

L'arrivée s'est faite de nuit, dans une obscurité à peine éraflée par quelques lampadaires hésitants.
Nous apprendrons plus tard que chaque soir un quartier de la ville, jamais le même, est privé d'électricité parce que la centrale, qui s'exprime pourtant à grand fracas, ne produit pas suffisamment d'énergie.
Le coucher se fait dans un calme lourd d'émotions contenues.
Pourvu que le soleil se lève. Pourvu qu'on la découvre.

Sommeil sans rêves.

Le lever est fébrile. On se vêt dans le silence d'avant une bataille. Les manches et jambes sont longues, les cheichs enroulés ne laissent voir que les yeux. Chaque centimètre carré que l'on peut couvrir est protégé. Lorque nous sortons enfin, c'est pour entrer ; pour pénétrer à l'intérieur de la Cité, celle qui a nourri les rêves et les fantasmes les plus fous de l'histoire occidentale. Il fait 42° ce matin, et nous remontons la longue route droite qui mène au coeur de la ville avec une impatiente lenteur.

Journée sans rêves.

La ville est morne, balayée sans relâche par le vent du désert. Les habitations sont de plain-pied, les trois mosquées ressemblent à des modèles réduits. L'architecture est sans surprise, dans les quartiers nobles autant que dans ceux des 'esclaves', et la misère, partout, est plus perceptible encore que dans le reste du pays.
L'unique route qui part de la cité - ou y arrive, on ne sait plus très bien - est parcourue, de temps à autre, par un camion de marchandises. Quelques hommes prennent le thé sous un des rares arbres. Les femmes, quand elles ne sont pas au marché, restent à l'intérieur.
Tout est immobile, comme figé par le soleil qui cuit la ville douze heures par jour.

Tombouctou, la poussiéreuse, a perdu ses secrets.

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